193
Après la chute de Saddam Hussein en irak, la question kurde
est devenue
de plus en plus importante pour les équilibres dans le Moyen
Orient. On
parle de créer un éta t fédéral où
les Kurdes pourront bénéficier d’une grande
autonomie,
cependant la question kurde ne se limite pas à l’Irak,
elle s’étende aussi à la
Turquie, à l’Iran et à la Syrie. Surtout en
Turquie le peuple kurde représente une
des plus grandes minorités, qui continue à lutter
pour obtenir la reconnaissance de
ses droits, entre autre la diffusion de la langue kurde et la représentation
de leurs
intérêts au parlement turc. Les efforts pour atteindre
ces objectifs sont soutenus non
seulement par des municipalités et des partis politiques
kurdes dans la région du
Kurdistan, mais aussi par des Kurdes qui ont émigré
en Europe, en espérant trouver
un milieu plus ouvert à la démocratie et au respect
des droits des minorités.
Les Kurdes constituent une grande communauté, où tout
le monde est bien
accepté et bien accueilli, même ceux qui se montrent
dubitatifs à cause du Parti de
Travailleurs Kurdes (PKK) repris dans la liste des organisations
terroristes. La presse
internationale s’est toujours concentrée sur les membres
du PKK et sur leur lutte
contre l’armée turque et des organisations parallèles
(escadrons de la mort et les
gardiens de village), sans montrer l’autre image du peuple
kurde, celle de personnes
qui partagent les même valeurs de toute société
européenne comme la famille,
l’amitié et l’hospitalité. Cette dernière
est une valeur qui est en train de se perdre
dans la société moderne, mais qui reste au premier
plan dans la culture des peuples
de l’Orient, cela prouve que les Kurdes sont un mélange
de culture occidentale et
orientale. Les Kurdes vivent aussi parmi nous, même si il
est difficile de temps en
temps de les remarquer. Il y a des Kurdes en Allemagne, en France,
en Belgique,
en Angleterre, aux Pays-Bas, en Italie et aussi en Suède.
Ils se sont organisés enétablissant un réseau très vaste d’organisations
non gouvernementales, qui visent à
promouvoir la diffusion de la culture kurde en Europe et à
donner un soutien aux
Kurdes qui vivent au Kurdistan.
Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
194
L’objectif de cette recherche est de donner un cadre plus
clair à certaines ONG
kurdes qui opèrent en Europe en donnant des détails
sur leur identité, les activités réalisées dans ces trois dernières années,
les objectifs atteints et les projets futurs.
Même s’il y a de nombreuses organisations kurdes surtout
dans le coeur de la vielle
Europe, elles ne sont pas toujours visibles parce qu’elles
ont rencontré des difficultés
pour s’intégrer dans la société où
elles se sont installées. Souvent elles restent
invisibles dans la société, par manque de financement
ou bien à cause du manque
d’intérêt des Européens par leur culture.
Pour cette raison, la recherche des informations
s’est révélée difficile et a demandé
du temps. On doit cependant souligner
que certaines organisations, à qui on a proposé de
participer à cette recherche pour
leur donner plus de visibilité, ont préféré
de ne pas révéler des détails sur leur organisation.Ça démontre que le milieu dans lequel plusieurs d’entre
elles opèrent, se
méfie d’elles et le manque de confiance a constitué
un obstacle à la diffusion de leurs
profils. Cependant, les organisations qui ont décidé
de participer à cette enquête,
l’ont fait avec enthousiasme et un certain espoir ; parmi
elles il y a SARA Bokhandel(Kurdish Book Bank SARA), Kurdishinfo,
Madhat Kakei, la Kurdistan Culture
and Solidarity Association, l’Institut Kurde
de Bruxelles et l’UIKI-ONLUS.
La première organisation dans cette liste s’appelle
Sara Bokhandel, littéralement
Banque de livres, néanmoins le nom peut tromper, parce qu’elle
ne se limite pas à tenir un registre de livres kurdes. Elle a été
fondée à Stockholm en Suède le
10 juin 1987 par M. Goran Candan (www.gorancandan.net www.saradistribution.com/goran).
Grâce à l’aide d’un
autre employé issu du Kurdistan irakien, ils ont crée
un vaste réseau de relations
avec de nombreuses maisons d’édition pour la plupart
suédoises comme Serkland
Förlag, Pelda Förlag, Solförlaget et Svart-Vit,
mais aussi avec The Kurdish Library
and Museum de New York. Le succès de cette organisation
est certainement dû
à la capacité d’initiative de son fondateur,
mais aussi aux revenus annuels fournis
par des clients comme la Library of Congress, Harvard College Library,
Columbia
University, Lehman Library et d’autres bibliothèques
en Suède qui ont acheté plusieurs
oeuvres de la littérature kurde. D’autres formes de
financements irréguliers
viennent de services de traduction que le président Candan
offre à des chaînes
suédoises et du soutien gouvernemental du Conseil National
Suédois pour les
Affaires Culturelles. Néanmoins ces revenus ne sont pas suffisants
pour réaliser des
projets de plus grande amplitude, c’est pour cette raison
que l’organisation SARA
Bokhandel est à la recherche d’autres contributions
financières.
Les ONG kurdes en Europe
195
Les activités les plus importantes, développées
par cette organisation sont les
suivantes. La première est l’établissement de
l’Agence pour l’édition et la distribution
de la littérature kurde, qui a eu lieu en 1987. Elle offre
une vaste gamme
d’oeuvres concernant la littérature kurde passée
et contemporaine, en offrant plus
de 50.000 oeuvres comme des monographies kurdes, journaux, matériel
audio et
audiovisuel comme CD, DVD et VHS disponibles à Vasastan,
dans la ville de
Stockholm. Pour tous ceux qui sont intéressés à
la culture, la langue, l’histoire et la
littérature kurde, SARA a créé le site web
suivant, www.kurdishbookbank.org, avec
une base de données qui réunit toutes les oeuvres
disponibles. Pour la réalisation
de cette oeuvre, la participation des Kurdes du monde entier a été
indispensable,
mais aussi celle des étudiants, chercheurs et écrivains
intéressés au milieu kurde et
du Conseil National Suédois pour les Affaires Culturelles.
Le coût de cette activité
est de 40.000 euros par an et le service est offert en trois langues
: kurde (kurmandji
et sorani), suédois et anglais.
L’Agence kurde d’édition et de distribution en
question a des relations avec
plusieurs bibliothèques comme Library of Congress, Harvard
Collge Library,
Columbia University Lehman Library et d’autres bibliothèques
dans le reste du
monde, sauf celles des universités turques. En avril 2006
SARA a essayé à nouveau
d’établir un contact avec la Turquie, en envoyant de
nombreuses oeuvres kurdes
pour les enfants ainsi que pour les adultes à Diyarbakir,
la capitale du Kurdistan
turc. Malheureusement, l’effort n’a servi à rien,
les livres ont été volés et les boites
renvoyées à SARA. Le journal suédois Svenska
Dagbladet a reconté l’événement en
insistant sur la violence de la réaction contre tout essai
de changement vers plus de
démocratie en Turquie http://www.svd.se/dynamiskt/kultur/did_13576939.asp).
Une autre activité qui se développe est le Kurdish
Archive & Knowledge Centre.
Il vise à collectionner et préserver des oeuvres kurdes
rares. Il publie des recherches
et des articles en suédois pour les revues suédoises
sur la culture, la langue et l’histoire
kurdes. La troisième activité développée
par SARA est la Bibliothèque et le
Centre d’archives établis à Stockholm en 1987.
Les langues utilisées sont le kurde
(kurmandji et sorani), le suédois, l’anglais et le
turc. Le coût de gestion de ce centre
est de 40.000 euros par an et le centre reçoit seulement
le soutien de la population
kurde et non des autorités gouvernementales.
Or c’est essentiel de mettre en évidence les résultats
que SARA a atteint au
cours de ces trois dernières années par rapport aux
activités développées par elle. En Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
196
premier lieu l’édition d’articles concernant
la culture et l’histoire du peuple kurde,
commencée en 2002, a permis de préserver et de développer
les droits de l’homme
en général et des Kurdes en particulier. Elle a surtout
aidé à changer l’attitude des
Suédois envers le peuple kurde et envers leur lutte pour
la démocratie et le respect de
leurs droits. Ce changement n’a pas concerné seulement
les individus mais aussi les
autres organisations et même le gouvernement. En outre la
diffusion de la littérature
kurde à l’étranger s’est intensifiée
au cours des dernières années, malgré les difficultés
financières et l’opposition du gouvernement d’Ankara.
En 2004 on a atteint un
autre objectif très important pour les Kurdes, la publication
à Stockholm du discours
de défense de Mehdî Zana, élu maire de Diyarbakir
en 1977, tenu devant le tribunal
militaire turc. Il a passé 18 ans en prison pour avoir soutenu
la cause kurde. Cette
publication a été seulement possible grâce au
soutien du Conseil National Suédois
pour les Affaires Culturelles et a permis aux organisations en Suède
de comprendre
la lutte du peuple kurde en Turquie pour une réforme démocratique
de l’Etat.
Après avoir analysé le passé de SARA, il est
essentiel de penser à son futur et
donc à ses projets pour les prochaines années. Selon
le directeur Goran Candan le
premier point à l’agenda de son organisation est la
modernisation du site web suivant
: www.kurdishbookbank.org, pour garantir aux visiteurs un accès
plus facile
et plus rapide à la base de données des oeuvres kurdes
et aux informations les plus
récentes sur les conditions de vie des kurdes. Le coût
moyen est de 25.000 euros
et SARA est en train de chercher d’autres sources de financement
pour réaliser ce
projet. Un autre objectif que SARA se propose d’atteindre
est la digitalisation de
plus de 1000 rares oeuvres concernant la culture, la littérature
et la culture kurdes
qui sont conservées dans les archives de l’organisation.
Le coût est très élevé, on
a prévu un montant de 100.000 euros, mais la réalisation
de ce projet permettra
d’enrichir les sociétés culturelles européennes
en promouvant bien sûr la culture
kurde en Europe, mais aussi le principe de tolérance, qui
devrait exister entre des
cultures différentes. SARA a déjà commencé
à digitaliser une partie des oeuvres à sa
disposition, parmi elles il y en a certaines en français,
en italien et en anglais.
Cependant, un défi plus grand de SARA est l’établissement
de la première bibliothèque
kurde à Diyarbakir, dans le Kurdistan turc. Ce projet vise
à soutenir en
Turquie le projet d’une société moderne et démocratique,
où les Kurdes et les Turcs
puissent se rencontrer pacifiquement et apprendre à se connaître
l’un de l’autre. La
réalisation de cette bibliothèque est en encore plus
importante, si on la considère
dans le cadre d’un futur accès de la Turquie dans l’Union
Européenne. Le respect
Les ONG kurdes en Europe
197
des minorités, des valeurs démocratiques et la stabilité
régionale seront alors indispensables
pour qu’existe une Turquie vraiment intégrée
dans l’Union européenne.
Le coût de ce projet est de 3 millions d’euros et le
temps prévu pour le réaliser est
de 3 mois. Malheureusement les obstacles à cette initiative
ne sont pas seulement
financiers mais aussi politiques. C’est pour cette raison
que le soutien d’autres organisations
européennes intéressées à la promotion
de la culture en général et celui des
gouvernements de l’Union Européenne est fondamental
pour transformer ce rêve
en réalité. Ceux qui sont intéressés
aux projets de SARA Bokhandel pourront visiter
le site web mentionné plus haut ou participer aux célébrations
du vingtième anniversaire
de l’organisation, qui vont se faire au cours de cette année
à Stockholm.
Toujours sur le plan de l’information sur le monde kurde,
une des plus importantes
sources de nouvelles, mise à disposition dans plusieurs langues
est offerte par
l’organisation Kurdishinfo dont le site web est le suivant
: http://www.kurdishinfo.
com/. Dans cette ONG travaillent des Kurdes, des Allemands et des
Français. Elle
est toujours en contact avec des autres organisations kurdes, comme
le Centre kurde
de Paris, le Kurd-CHR en Suisse, le InformationsstelleKurdistane
en Allemagne et
le UIKI-ONLUS en Italie. Les revenus sont principalement fournis
par les annonces
publicitaires dans Google.
L’activité principale de cette organisation est de
rédiger des articles sur les Kurdes
en Europe et au Kurdistan en six langues : anglais, français,
allemand, italien, kurde
(kurmandji et sorani) et turc. Au début de 2006 Kurdishinfo
a organisé une campagne
internationale pour soutenir ROJ TV, le centre principal de radiodiffusion
et
de télévision kurde, installé à Denderbeeuw
en Belgique. Le gouvernement turc a
souvent essayé d’interdire ROJ TV en exerçant
des pressions sur les pays européens
qui la soutiennent . Il s’est toujours opposé à
des programmes télévisés en kurde,
en les considérant comme des menaces pour l’intégrité
de l’Etat turc. Une autre
campagne en anglais et en turc a été lancée
récemment par Kurdishinfo pour la
libération du leader kurde, Abdullah Ocalan. Cette organisation
est plutôt jeune,
en tenant compte qu’elle a été créée
seulement en 2004 en rassemblant des Kurdes
français, allemands et italiens. Le plus grand avantage de
Kurdishinfo est d’informer
tous ceux qui sont intéressés au monde géopolitique
kurde en leur communiquant
son actualité en plusieurs langues.
Dans le monde culturel kurde on trouve une autre ONG, dont le nom
est
Kurdistan Association de Culture et Solidarité (www.kkh-ev.de),
fondée à Berlin le
Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
198
premier janvier 1975. L’organisation, dirigée par le
président Dr. Sükri Güler, compte
15 employés, 7 kurdes et 8 allemands. Elle a des relations
avec d’autres institutions
qui s’occupent du problème kurde, entre autres le Komkar
(www.komkar-info.de) et
le Conseil de Migration (Migrationsrat - www.migrationsrat.de).
Le soutien financier
vient des donations et des projets développés par
l’organisation. Depuis sa création
elle a joué un rôle très important dans la promotion
de l’image du peuple kurdeà l’étranger. Dans ce cadre, on doit citer les
journées de culture kurde organisées à
Berlin ces dernières années. Pendant ces journées
les organisateurs aménagent de
nombreux pavillons où on peut découvrir la musique,
la littérature, l’art et le folklore
kurdes. Cet événement attire environ 500 personnes,
surtout grâce au support financiers
des autorités du Sénat et de l’Office Fédéral
pour l’immigration et les réfugiés, et
aussi grâce à la publicité donnée à
l’événement par la Radio Kurde à Berlin.
D’extrême importance pour les prochains mois est la
préparation du Newroz,
la Célébration du Nouvel An kurde, qui inaugure le
printemps. La fête se déroule
à Berlin et dure un jour, c’est essentiel d’y
participer pour pouvoir saisir l’atmosphère
unique de cet événement central dans la tradition
kurde. La participation de
la communauté kurde est très importante, on compte
plusieurs milliers personnes :
de kurdes émigrés en Allemagne et des Allemands charmés
par ce peuple un peu
mystérieux. Une expérience unique pour avoir une image
du Kurdistan au centre de
l’Europe.
Une autre activité qui est développée par cette
association et qui se déroule pendant
toute l’année concerne les cours de langue allemande,
qui ne se limitent pas à
l’enseignement des structures linguistiques, mais offrent
aussi une vision plus ample
de la société allemande. Si d’un côté,
cette association offre aux Allemands la possibilité
de rencontrer le monde kurde, de l’autre part, elle a pour
but de promouvoir
l’intégration dans le pays où elle s’est
établie.
Lors de sa fondation, l’association a réussi à
jouer un rôle déterminant dans l’arène
politique de Berlin pour faire accepter la communauté kurde
et à bien l’intégrer
dans la société allemande. Les événements
culturels comme ceux indiqués ci-dessus
ont été importants, mais un grand effort a été
fait aussi du côté social et politique,
avec la conférence sur les horreurs de massacre au Kurdistan
turc et en Allemagne,
organisée en 2005, et la conférence sur le génocide
arménien pendant la première
guerre mondiale, tenue l’année dernière et qui
a mis en évidence le rôle joué par les
Kurdes dans ce massacre.
Les ONG kurdes en Europe
199
L’Allemagne est un pays qui a connu une forte immigration
provenant surtout
de la Turquie dès les année septante, pour cette raison
l’action de cette association,
qui vise à atteindre une intégration complète
des Kurdes dans la société allemande,
sans les forcer à renier leurs origines et leur culture,
est importante. La cohabitation
pacifique entre les Kurdes et les Turcs immigrés en Allemagne
est un banc d’essai
pour une future cohabitation des deux populations en Turquie.
Une autre ONG très particulière est celle de M. Madhat
Kakei, un artiste qui a
commencé sa carrière à Bagdad en 1970, plus
tard à Madrid en 1976 et à Stockholm
en 1984. L’organisation porte le même nom que son créateur
et seul représentant,
elle est dotée d’un site web www.madhatkakei.com. M.
Kakei est un des artistes
kurdes les plus connus et ses tableaux, expositions sont appréciés
en Irak, sa terre
d’origine, ainsi qu’en Europe, aux Etats-Unis et à
Tokyo. Depuis 2004, il dirige
une maison de culture pour les artistes kurdes dans le sud de Paris
(Courtalain) où
les langues utilisées sont en plus du kurde, l’anglais
et l’espagnol. Les nombreuses
expositions que M. Kakei a tenu dans les différents coins
du monde lui ont donné
la possibilité de faire connaître le monde kurde à
travers les yeux de l’art, un moyen
qui dans certains milieux réussit à envoyer des messages
encore plus forts et directs
que les mots.
Pour les passionnés d’art, il sera possible de voir
les derniers tableaux de cet
artiste kurde à Paris jusqu’au début mars, et
après à Tokyo et Maibashi. Pour l’année
prochaine au contraire, M. Kakei fondera un musée d’art
kurde au Kurdistan
irakien, un événement unique pour l’art et le
peuple kurde, du monde entier.
La cinquième organisation examinée par cette enquête
est le Koerdish Instituut
(Institut kurde) de Bruxelles, dirigé par M. Derwich Ferho,
qui l’a fondé en 1978.
Les employés sont d’une part des Belges et de l’autre
des Kurdes de Turquie naturalisés
belges,, 6 au total dont une vacataire. L’Institut se trouve
dans la commune
de Saint-Josse, la plus petite de l’agglomération de
Bruxelles habitée surtout par
des immigrés. Grâce à l’esprit d’initiative
du directeur et au soutien de ses collaborateurs,
l’Institut a créé autour de lui un réseau
de relations avec d’autres ONG
belges comme le Vrede vzw (www.vrede.be) ; F.V.K. Rodenbachfonds
; le Forum
van etnisch-culturele minderheden (le Forum des minorités
ethniques et culturelles– www.minderhedenforum.be); la Fondation Info-Turk (www.info-turk.be)
, le
Uitpers (www.uitpers.be) ; l’Atelier du Soleil ; le FVV (femmes
flamandes – www.vlaamsevrouwen.be) et le Coördinatie « Stop de oorlog
tegen het Koerdische volk »
Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
200
(Arrêter la guerre contre le peuple kurde). L’Institut
a aussi des bons contacts avec
d’autres associations kurdes à Bruxelles, le KNK (Conseil
National du Kurdistan)
et le DTP (Parti politique pour une Société Démocratique).
La plupart des financements viennent de la Communauté flamande
(Vlaamse Gemeenschap – Culture), de VGC (Vlaamse Gemeenschapscommissie
– Commission Communauté flamande) et de la Communauté
francophone,
COCOF (Commission de la Communauté française). Grâce
surtout au soutien
de la communauté flamande, l’Institut a pu réaliser
en 2004 une conférence sur
le projet d’adhésion de la Turquie à l’Union
Européenne et sur la question kurde,
à laquelle ont participé environ une centaine de personnes
et qui s’est déroulée au
Parlement Européen à Bruxelles. Une autre conférence,
dont le titre était « Honour
related violence in Kurdistan and Belgium » a eu lieu à
Bruxelles en décembre 2005
en allemand, flamand et français, il a attiré l’attention
de la presse nationale et a été
complètement organisée par l’Institut.
Au contraire des ONG analysées auparavant, l’Institut
kurde de Bruxelles s’intéresse
aussi aux problèmes des autres minorités issues de
l’Asie Mineure et présentes
en Belgique, comme des Arméniens et des chrétiens
assyriens. A cet égard, l’Institut
a lancé une campagne pour la reconnaissance du génocide
arménien et des chrétiens
de langue araméenne. Les activités principales qui
ont été mises en oeuvre sont : des
manifestations culturelles, des pétitions, la création
d’un site web, des conférences,
des débats et une délégation en Arménie.
Le montant pour la réalisation de cette
campagne a été de 4.500 euros, subsidiés en
partie par la Communauté flamande.
Une autre activité concernant les problèmes du Caucase
a été réalisée en septembre
2005 sous la forme d’un programme d’échange des
jeunes en Arménie et Géorgie,
dont le titre était « Interrelation between minorities
in Europe and the Caucasus ».
Il concerne les jeunes kurdes de Belgique, Allemagne, Arménie
et Géorgie et a reçu
un co-financement de la Commission Européenne et celui de
JINT, une organisation
non gouvernementale belge qui s’occupe de nombreux projets
culturels.
L’Institut est doté aussi d’un site web www.kurdishinstitute.be
et d’une revue
bimensuelle « De Koerden » (Les Kurdes) qui depuis plusieurs
années est diffusée
en Belgique et dans les Pays Bas. L’objectif de cette revue
est d’informer les Belges
de ce qui se passe au Kurdistan, mais aussi dans la région
du Caucase. Le Journal« Les Kurdes » remplaçant « Les Kurdes
dans l’actualité » depuis 2006 est édité
en
français et a les même objectifs que « De Koerden
».
Les ONG kurdes en Europe
201
L’Institut kurde de Bruxelles développe des activités
sociales pour soutenir les
Kurdes récemment arrivés, surtout quant aux différents
problèmes d’intégration
qu’ils rencontrent. Parmi celles-ci, il y a en français,
une assistance offerte aux enfants
kurdes et autres immigrés sur le plan scolaire et des cours
de français sont
donnés trois matinées par semaine. Ces cours ne s’adressent
pas uniquement aux
Kurdes mais à tous les primo-arrivants, qui le désirent.
Ils ont pour but d’initier les
élèves aux bases de la langue française afin
de leur permettre un début d’intégration
dans la société belge pluriculturelle. Les cours sont
réalisés sous les auspices de la
Communauté française de Belgique et sous la gestion
de l’asbl « Lire et écrire ».
Chaque année, l’Institut kurde de Belgique publie des
livres sur l’histoire et la
culture kurdes et ce en français et en néerlandais,
toujours grâce aux subsides de
la Communauté flamande et de la Communauté française
de Belgique. Il publie
aussi des livres en langue kurde, principalement en kurmandji. L’Institut
kurde
réalise et publie chaque année des analyses historiques
et culturelles sur des sujets
divers qui concernent principalement le Proche- et Moyen Orient,
l’Asie Mineure
et l’Asie centrale. Il organise aussi des conférences-débats
en français sur le même
type de sujet. L’accès à ces conférences
est gratuit. Tout cela est organisé dans un
but d’ouverture aux autres cultures et pour faire lieux connaître
les Kurdes dont les
origines indo-européennes (groupe aryen) sont généralement
peu connues. Une
activité originale de l’Institut kurde est l’organisation
régulière de « Tables d’hôtes »
où se retrouvent des Belges (francophones et néerlandophones)
et des Kurdes dans
une atmosphère cordiale et festive.
Dans un futur proche, l’Institut kurde espère recevoir
plus d’attention de la
part de la presse nationale et internationale, pour obtenir une
aide plus substantielle
au lobbying politique. Il vise, en outre, à être de
plus en plus engagé dans les
activités au niveau européen et international à
travers le développement des projets
proposés par la Commission Européenne. En plus l’Institut
prévoit d’organiser des
délégations régulières au Kurdistan,
en essayant d’obtenir la participation de politiciens,
journalistes et d’autres organisations non gouvernementales
intéressées par
la question kurde.
Afin de compléter la carte des ONG kurdes en Europe, il est
essentiel de donner
le profil d’une autre organisation qui a été
établie à Rome, en Italie en 1999, par
Mr. Mehmet Yüksel. Le nom de cet institut est UIKI, un acronyme
pour Ufficio
d’Informazione del Kurdistan in Italia (Bureau d’information
du Kurdistan en
Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
202
Italie). La composition du staff est variée avec trois employés
issus du Sud-est de
la Turquie, un italien et un danois, en plus le bureau est toujours
ouvert aux collaborations
externes, surtout avec les différentes organisations avec
lesquelles elle
travaille régulièrement, entre autres, il y a de nombreuses
associations italiennes
comme Associazione per la pace (Association pour la paix –
www.assopace.org), Un
Ponte Per (www.unponteper.it), le CISCACE (le Comité italien
pour le développement
et la coopération au Kurdistan) et le CIR (Conseil italien
pour les réfugies – www.cir-onlus.org).
L’UIKI est engagée dans plusieurs activités
comme la publication des bulletins
informatifs et des revues en turc, kurde et italien, dont le coût
est d’environ 5.000
euros , et la sauvegarde des droits humains par l’intermédiaire
de juristes et d’avocats.
En outre, l’organisation de M. Yüksel est en train d’organiser
les célébrations
pour le Newroz en Anatolie sud-orientale ainsi qu’en différentes
régions de l’Italie
pour une durée de 3 mois.
Pour conclure on constate que les organisations décrites
dans cette analyse sont
très différentes les unes des autres, il y en a quelques-unes
qui sont plus engagées
dans le journalisme, quelques autres dans les projets culturels
ou bien dans le milieu
politique. Cependant, elles partagent des objectifs communs, en
premier lieu la
diffusion de la culture kurde et la promotion des droits des Kurdes
dans l’ensemble
du Kurdistan, surtout en Turquie, où la population kurde
ne jouit d’aucune autonomie
Le monde kurde est très vaste et très complexe, en
conséquence c’est impossible
de le comprendre dans toutes ses expressions et facettes. Cette
recherche viseà donner au moins aux lecteurs une image de la réalité
kurde par l’intermédiaire
des organisations kurdes en Europe, en analysant leurs activités,
objectifs atteints
et futurs. Pourtant, il s’agit d’une image incomplète
à cause de la diversité qui caractérise
les émigrés kurdes en Europe, néanmoins elle
met en évidence les aspects
fondamentaux de la société kurde et du niveau d’intégration
entre les Kurdes et
les populations locales en Europe. Aujourd’hui les barrières
géographiques sont en
train de perdre leur importance, et le concept de nation se renforce
aux dépens de
celui de l’Etat. Pourtant il y a des obstacles plus difficiles
à abattre comme ceux des
différences culturelles, car la culture détermine
l’identité d’un peuple. Les Kurdes
veulent défendre leur identité, dans le respect de
la société où ils vivent, mais ils
visent aussi à promouvoir leur culture à l’étranger,
parce qu’ils sont convaincus que
Les ONG kurdes en Europe
203
c’est seulement ainsi que si les peuples européens
apprendront à les connaître, qu’ils
pourront les accepter et que l’intégration pourra avoir
un succès dans le respect des
cultures différentes. Si les organisations non gouvernementales
kurdes réussissent à
atteindre cet objectif, il le sera grâce à leur détermination
et leur esprit d’initiative,
mais aussi grâce au soutien des acteurs sociaux et gouvernementaux
européens,
parce que sans la coordination et l’aide réciproque,
ils resteront prisonniers de préjudices
qui empêchent la diffusion des valeurs démocratiques
propres à la société
contemporaine.
* Diplômée en Etudes européennes de l’Université
de Vrije Universiteit Brussel (VUB)-Belgique.
Spécialiste des questions d’immigration et d’intégration.
Auteur de plusieurs articles de géopolitique
pour la revue en ligne Equilibri, et collaboratrice de l’Institut
Kurde de Bruxelles.
_______
Notes
Questionnaire élaboré par Mlle Alessandra Ferlesch,
auquel les organisations suivantes
ont répondu :
SARA Bokhandel, Suède (2006).
Kurdishinfo, (2006).
Madhat Kakei, Suède (2006).
Kurdistan Culture and Solidarity Association, Allemagne (2006).
Koerdish Instituut, Belgique (2006).
UIKI-ONLUS, Italie (2007).
www.gorancandan.net (visité en novembre 2006)
http://www.svd.se/dynamiskt/kultur/did_13576939.asp (visité
en novembre 2006)
www.kurdishbookbank.org (visité en novembre 2006)
http://www.kurdishinfo.com/ (visité en décembre 2006)
www.komkar-info.de (visité en décembre 2006)
www.migrationsrat.de (visité en décembre 2006)
www.madhatkakei.com (visité en janvier 2007)
www.vrede.be (visité en janvier 2007)
www.minderhedenforum.be (visité en janvier 2007)
Mai 2007 Géostratégiques n° 16 - Les O.N.G.
www.uitpers.be (visité en janvier 2007)
www.kurdishinstitute.be (visité en janvier 2007)
www.assopace.org (visité en février 2007)
www.unponteper.it (visité en février 2007)
www.cir-onlus.org (visité en février 2007)
http://www.kurdistan.it/ (visité en février 2007)
www.info-turk.be (visité en février 2007)
01.04.2007
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